Jussy, Geneva
CHF4'950'000.-
530 m2
Village house - 11 Rooms - 5 bedrooms
De Jean Calvin et sa « Rome protestante » à Henry Dunant et son CICR, du CERN à l’ONU, en passant par les diverses vagues migratoires de la fin des années 60 à aujourd’hui, Genève cultive depuis toujours (ou presque) son ouverture internationale. Incarnation de l’engagement international en faveur de l’humanité, pôle scientifique, environnemental et économique de premier ordre, notre canton constitue l’un des premiers axes de gouvernance mondiale. Mais quels sont les marqueurs historiques sur lesquels repose cette vocation ? Retour vers le futur, en huit chapitres !
Genève est une ville d’accueil au monde, une terre d’asile ouverte à l’étranger. On dit souvent que cette tradition est aussi ancienne que les maisons qui peuplent sa vieille ville. Originellement, tout cela remonte à 1536. Genève est alors réformée et s’élève au rang d’État. À sa tête, un théologien français du nom de Jean Calvin va favoriser l’arrivée des « meilleurs » protestants italiens, allemands et français – forcés à quitter leur terre d’origine, suite aux persécutions religieuses – leur offrant des rôles majeurs. Les anciennes familles genevoises se mélangent avec ces prestigieux nouveaux venus créant ainsi un noyau oligarchique hautement qualitatif est fermé.
Le système, « radical » et sévère, instauré par Calvin est basé sur le travail. Ce dernier passe de « peine » à « prière », définissant ainsi – et à tout jamais – l’esprit genevois. La vision calviniste de la religion est donc intimement liée au labeur, formant ainsi un duo ultra efficace basé sur l’effort. Pour glorifier Dieu, il faut travailler durement. Durant deux siècles, les protestants débarquent et son accueillis à bras ouverts. Ils apportent avec eux le travail de la soie, la joaillerie, l’horlogerie, l’imprimerie et la banque, mais surtout leur connaissance du monde et une pratique expérimentée du commerce. Genève est alors appelée la « Rome protestante », elle possède une idéologie ferme, une aristocratie négociante jouissant d’alliances fortes à travers toute l’Europe.
Au fil des siècles, alors que les passions religieuses se dissolvent, l’internationalisme genevois s’est lui mué en une culture parfaitement assimilée par la ville. Durant l’Ancien Régime, les négoces internationaux et bancaires sont intimement liés à la prospérité de la ville et dépendant eux aussi de ces précieuses alliances internationales. Les familles de l’élite genevoise sont toujours bien en place, se renouvellent sans cesse grâce aux liens et alliances avec les grandes places continentales.
Genève a également réussi à se placer sur l’échiquier européen des arts et des sciences. Son Académie ayant attiré un grand nombre de savants et d’intellectuels, mais aussi des poètes et écrivains, émerveillés par ses paysages et son style de vie. Depuis 1751, suite à la suggestion de Voltaire et à l’initiative de Jean Le Rond d’Alembert, la ville est remplie d’éloges au sein de l’Encyclopédie des Lumières. On y trouve déjà les traits caractéristiques de la Genève d’aujourd’hui : organisation politique, esprit d’indépendance, vie intellectuelle, sérieux des mœurs, ainsi qu’un certain attrait pour les étrangers célèbres.
En 1863, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) voit le jour à Genève. Ainsi commence une longue tradition humanitaire véhiculant les valeurs centrales de la politique extérieure suisse, dans lesquelles la population helvétique se reconnaît.
Créé par Henry Dunant, le CICR a pour objectif de protéger et d’assister les victimes de conflits armés et de situations de violence. L’action du CICR est déployée sur le monde entier et encourage le développement du droit international, ce qui contribue une nouvelle fois à place Genève sur une échelle mondiale. Notre ville, alors célèbre pour le négoce, s’enrichit d’une vision humanitaire corroborée l’année d’après la création du CICR par celle des Conventions de Genève : traités internationaux possédant une valeur fondamentale dans l’histoire du droit humanitaire.
Au 20e siècle, la tradition continue et se renforce avec la création d’organisations toujours plus nombreuses, trouvant domicile au Palais des Nations. Dès 1921 la Société des Nations (SDN) s’établit à Genève. Tous les grands de ce monde se réunissent ici afin de dépasser le simple nationalisme, donnant ainsi vie à une véritable organisation internationale. Genève est alors la capitale occasionnelle d’une paix provisoire. On parle de « l’esprit de Genève » comme synonyme d’arbitrage et de règlement pacifique des conflits.
En 1954, le canton s’enrichit du plus grand centre de physique des particules du monde : le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN). Voyant le jour grâce à la volonté commune de scientifiques européens, le CERN représente l’une des plus belles épopées technologiques au monde. C’est aussi l’histoire d’un projet capable d’allier 12 nations (actuellement 20) prêtes à travailler main dans la main sur un projet commun d’envergure, et ce, moins de 10 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Grâce au CERN, l’internationalisme genevois gagne encore en envergure et ajoute le chapitre « sciences » à son histoire. Cela permet également d’ouvrir la porte, par la suite, à plusieurs autres centres de recherche internationalement renommés.
Au début des années 60, l’ONU remplace la SDN, mais le siège demeure à Genève. Les organisations se multiplient et se spécialisent, mais notre ville reste le symbole de la neutralité active suisse. La ville s’enrichit encore et toujours de travailleurs étrangers, apportant à leur tour un savoir, une culture, un réseau. Mais les autorités genevoises ont fort à faire avec l’arrivée des fonctionnaires internationaux et de leurs familles. Il faut construire et accueillir. Ainsi débute une épopée architecturale nouant encore un peu plus notre ville à et son internationalisme… Un sujet riche et passionnant sur lequel nous reviendrons dans un futur proche.
Aujourd’hui, Genève est le premier centre mondial en termes de concentration d’acteurs internationaux et de réunions, un lieu de réflexions à résonance globale. Il suffit de jeter un coup d’œil rapide aux chiffres présentés sur le site officiel de la Confédération suisse qui en témoignent : 177 états sont représentés, 25 organisations intergouvernementales et plus de 250 ONG, 37 institutions, organisations, organismes internationaux et secrétariats, ainsi que 257 missions, représentations et délégations permanentes.
L’internationalisme genevois est intimement lié aux innombrables multinationales ayant établi leur siège ici. Capitale de la haute horlogerie, des banques privées ou encore du négoce des matières premières – de L’Oréal à Caterpillar, de Lombard Odier à Mirabaud ou Pictet, en passant par Ralph Lauren Europe, Procter & Gamble ou encore les « locaux » Firmenich, Givaudan et Rolex, pour me citer qu’eux – on ne compte pas moins de 130 multinationales et autres grandes entreprises possédant leur siège dans notre canton. Bien entendu, le domaine bancaire – une tradition vieille de plus de cinq cents ans – représente à son tour un vecteur d’internationalisme extrêmement important à Genève.
Tout au long de son histoire, Genève a su modeler son identité autour d’innombrables personnages d’exception venus d’ailleurs. Elle a su également puiser le meilleur de tout un chacun – absorbant plusieurs vagues d’immigration dès la fin des années 60 – intégrant harmonieusement diverses cultures et religions, sans pour autant perdre son identité propre, celle d’une ville où le travail, la précision, l’organisation et l’échange global sont des valeurs cardinales.
Cette ouverture unique en son genre est récompensée aujourd’hui par le nombre inégalé de pôles de compétences et d’expertise représentés dans notre canton. À l’heure de la globalisation, Genève est un modèle d’intégration avec 61% des habitants issus de la migration. Grandir à Genève signifie fréquenter des personnes originaires du monde entier, se nourrir de ce précieux échange pour construire un monde plus équitable où la peur de « l’étranger » n’existe plus. N’est-ce pas là la véritable définition « humaniste » de ce qu’est l’internationalisme ?
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