Jussy, Geneva
CHF4'950'000.-
530 m2
Village house - 11 Rooms - 5 bedrooms
Art & Design
Publié en 2012, « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » a été traduit en 40 langues et vendu à plus de 5 millions d’exemplaires à travers le monde. Ce succès foudroyant a lancé la carrière de Joël Dicker, un écrivain moderne dans la façon de se présenter aux médias et au style littéraire des plus cinématographiques. Véritable maître du suspense, ses histoires sont denses et passionnantes, rendant ainsi la tâche impossible au lecteur de fermer le livre sans savoir la suite. Mais qui est donc exactement Joël Dicker, l’homme derrière les triomphes ? Dossier.
Né le 16 juin 1985 à Genève, Joël Dicker est aujourd’hui l’écrivain suisse le plus populaire au monde et aussi le francophone le plus lu en France en 2018. Auteur de quatre romans – dont le best-seller « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » (2012) – Dicker possède cependant une approche toute relative de ce triomphe planétaire, et ce, malgré son jeune âge. Pour lui, le succès, c’est le livre. L’écrivain, et sa réussite personnelle, passe en second plan.
Fan de Romain Gary (« La promesse de l’aube » est d’ailleurs son livre de chevet), il avoue volontiers avoir encore beaucoup à apprendre, trahissant ainsi l’envie d’ajouter de nouvelles nuances à son style souvent définit de « lecture plaisir » – autrement dit fluide et efficace – qui lui a néanmoins valu tant d’éloges. Et pourtant, ni ses thèmes ni ses formats ne correspondent, de prime abord, à cette description quelque peu sommaire. Son format de prédilection ? Des « pavés » de 600 pages, des galaxies de personnages avec autant d’anecdotes que de rebondissements. Il tiendrait cet amour des livres importants (au sens propre comme au figuré) d’Albert Cohen, auteur dont il adore tout particulièrement « Belle du Seigneur ».
En bref, il y aurait tout sur le papier pour dérouter le lecteur de base « occasionnel », mais pas chez Dicker. Assez incroyable, surtout lorsque l’on sait qu’il écrit sans plan préétabli. Ce paradoxe permettrait pourtant d’expliquer la densité de ses romans et les nombreuses couches superposées qui les composent ; comme si l’écrivain en était le premier lecteur.
Avec le temps, Dicker, pourtant si loquace à ses débuts, a appris à se protéger et à dévoiler que très peu de détails sur sa vie privée. Signe de maturité ? Ras-le-bol de se répéter et d’exposer les siens ? Surement un peu des deux. Et on le comprend aisément, lui qui ne se considère pas comme une vedette, tout en gardant conscience du monde qui l’entoure.
On sait tout de même qu’il a grandi à Champel, que Plainpalais est son quartier fétiche, qu’il est diplômé en droit et qu’il aime rouler à vélo. Passionné d’écriture depuis toujours (sa plus grande force ?), à l’âge de 10 ans déjà il créé « La Gazette des animaux », publication dont il s’est ensuite occupé pendant 7 ans. Dicker a longuement aimé écrire chez sa grand-mère, avec laquelle il possédait d’ailleurs une relation toute particulière. C’est là qu’il trouvait la paix nécessaire, loin du brouhaha urbain. Dès 4h du matin, il s’installe devant son ordinateur pour commencer ses journées de travail.
Joël Dicker affronte chaque nouveau livre comme une aventure, dont les parutions correspondent à autant de tournées mondiales que de promotions en tout genre. Voyages et talk-shows médiatiques rythment alors ses journées ; une vraie vie de star extrêmement sollicitée. Loin d’être amoureux de sa personne, l’écrivain genevois possède cependant une approche moderne du métier et accepte volontiers les publicités notamment pour Swiss, Peugeot, Piaget, etc. Cela contraste nettement avec l’image classique de l’écrivain « maudit », intellectuel anticonformiste et antisystème fuyant médias et publicités comme la peste. Les temps changent, le rôle et les comportements d’un écrivain aussi.
Roman policier paru le 19 septembre 2012 aux Éditions de Fallois, « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » est le deuxième livre du romancier genevois après « Les derniers jours de nos pères », un ouvrage au succès relatif qui sera cependant redécouvert et réévalué (comme souvent) par la suite. Pour son deuxième roman, Dicker livre donc une copie ambitieuse, cinématographique au possible (on pense notamment à « Mystic River ») et teintée de références à ses écrivains préférés, tels que Vladimir Nabokov, Philip Roth, etc.
L’histoire porte sur la disparition de Nola Kellergan, âgée de 15 ans, et d’Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, accusé de meurtre. Marcus Goldman jeune écrivain en vogue décide de tout plaquer pour enquêter sur les faits. Dans ce best-seller, Dicker navigue habilement entre diverses villes (New York, Boston, Concord, Rockland, Jackson) et diverses temporalités, récits et flashbacks, avis/témoignages opposés et d’innombrables ellipses, tout en offrant une série d’éclairages essentiels, épaississant sans cesse l’intrigue.
Les pistes qu’on croit tenir sont brouillées par de nouvelles révélations essentielles. La masse d’information est importante, sans jamais être indigeste. Cet exploit révèle aussi Dicker comme l’un des rois du cliffhanger littéraire moderne. En toile de fond, la fascination de l’auteur bien marquée pour les USA (capturés d’une manière saisissante), pays qu’il connait parfaitement et que l’on retrouve dans tous ses romans. L’explication est simple : ses cousins vivent dans les Hamptons (lieu central de l’intrigue), il y a passé toutes ses vacances étant enfant et y retourne le plus souvent possible. On comprend mieux le pourquoi du comment.
En 2018, 5 millions d’exemplaires auraient été écoulés, dont « seulement » la moitié en version française, preuve du style universel de ses écrits. Dicker obtient au passage trois récompenses : le Grand prix du roman de l’Académie française (2012), le Goncourt des lycéens, le Prix littéraire de la Vocation et le Prix des écrivains genevois. Le livre a également été adapté en minisérie TV par Jean-Jacques Annaud (2018). Dicker s’est dit bluffé par la précision du scénario auquel il n’a pas touché. Dans les rôles principaux, on retrouve Patrick Dempsey, star de cette fiction, mais aussi Ben Schnetzer et Kristine Froseth.
Aujourd’hui, Joël Dicker a encore publié deux livres : « Le Livre des Baltimore » (2015) et « La Disparition de Stéphanie Mailer » (2018). Tous deux ont connu de francs succès et sont parus aux Éditions de Fallois, une maison à qui il est resté fidèle, qui a eu le mérite de le découvrir et de voir en lui un talent fort. Pari réussi.
Pascal Viscardi
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