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Ode au modernisme architectural : le siège de l’OMS, par Jean Tschumi (1966)

Construction phare de la Genève internationale, symbole du modernisme, le bâtiment de l’OMS est un véritable joyau architectural qui figure solidement parmi les principaux édifices contemporains suisses. Toute d’aluminium vêtue, solidement et stylistiquement intemporelle cette création de l’architecte lausannois Jean Tschumi est une œuvre d’art totale, saluée en son temps par les spécialistes et aujourd’hui encore. Dossier.

OMS : un pôle d’attraction des espoirs

L’Organisationmondiale de la Santé (OMS) – directement dépendante du Conseil économique et social des Nations unies – est active depuis 1948. En 1962, l’organisation compte 600 employés lorsque le chantier pour la construction de son siège démarre à Pregny-Chambésy (sur une parcelle d’environ 100’000 m2), dans le canton de Genève. L’ambition scientifique de l’OMS est d’ordre aussi bien préventif que curatif, sociétal que politique.


Un bâtiment symbole du bien-être

Oui, il faut un siège, mais en réalité, il faut bien plus. Concrètement, Il s’agit d’obtenir un bâtiment qui dépasse la simple notion de fonctionnalité afin de réussir à exprimer – via son existence et son allure – une conscience de lutte collective : la bataille de l’humanité contre la maladie. Le design du siège de l’OMS doit correspondre à une image de bien-être total, aussi bien physique que mental, esthétique et social ; un tout harmonieux, bien intégré à sa commune d’accueil, mais surtout parfaitement confortable pour ceux qui vont y évoluer. Le défi est lancé.


Saarinen vs Tschumi : le duel des modernistes

Retour à la fin des années 50, de nombreux et importants bureaux d’architectes de l’époque participent au concours. Les finalistes sont deux grands noms du courant moderniste, aujourd’hui considéré comme de véritables icônes : Eero Saarinen (designer et architecte américano-finlandais, l’un des pères fondateurs du style international américain, responsable du JFK International Airport à New York) et Jean Tschumi (architecte suisse et professeur à l’EPFL, alors déjà responsable du bâtiment siège de Nestlé). C’est le projet de l’architecte genevois de naissance (mais lausannois dans les faits, il a vécu tout sa vie à Renens) qui l’emporte en 1960.


Dynamisme et détail architectural

Tschumi imagine un bâtiment massif à la distribution intérieure propre avec un auvent en porte-à-faux à l’entrée (semblable à celui qu’il avait designé pour le siège de Nestlé, avec une courbure plus recherchée). La construction, dont la structure portante s’appuie sur des poutres biaises, profite de fenêtres en casquettes « brise-soleil » qui dynamisent le rythme de la façade. La monotonie classique est ainsi rompue via la performance technique du « mur rideau » imaginée par le lausannois. Nous sommes ici loin de l’ornementation.
L’un des éléments déclencheurs de la construction étant le besoin urgent d’une immense salle de réunion, Tschumi arrive alors avec une galerie ouverte ; en son centre, un cube aveugle de marbre blanc. La salle se présente sous une forme spiralée d’un seul étage, superbement éclairée, avec d’élégants patios verdurés. L’effet aéré et monumental – en lien avec l’importance du propos – rejoint alors parfaitement les espérances et la vision de l’organisation.
 


Nouveaux matériaux pour idées fraîches

L’enveloppe du bâtiment – et plus précisément les matériaux choisis – possède une importance capitale dans le succès architectural de ce projet. En effet, sa modernité intemporelle tient à une quête de progrès constante que connait cette époque.
Le début des années 60 marque le sommet de plus de 30 ans de recherches technico-artistiques. À l’image de Saarinen qui a révolutionné le mobilier d’intérieur avec l’utilisation du contre-plaqué moulé (1940), l’objectif est d’explorer de nouveaux territoires, se débarrasser des traditions pour aller plus loin. Comme l’a dit Saarinen : « Chaque époque doit créer sa propre architecture en fonction de sa propre technologie, une technologie qui exprime l’esprit de son propre temps. »
Tschumi utilise ici un habillage en aluminium, matière dont il est d’ailleurs l’un des premiers utilisateurs. Vainqueur du Prix International Reynolds, l’architecte lausannois avait déjà misé sur cette matière innovante pour le bâtiment Nestlé. Sobriété, sérénité et innovation sont les maitres mots de l’emploi que Tschumi fait de l’aluminium.


Aparté sur l’intemporalité

Au début des années 60, on peut déjà parler de « post-modernisme », car le courant moderniste tel qu’on l’a connu – inventé dans les années 20 par Ludwig Mies van der Rohe, d’ailleurs premier admirateur du bâtiment de l’OMS – est déjà dans le rétroviseur. Cependant, la quête de ce mouvement, ses penseurs et son application concrète sont (et seront toujours) d’actualité. Il n’y a qu’à voir les nombreuses chaises Eames trônant fièrement au sein des intérieurs design, aujourd’hui encore.


Un génie au destin tragique

Le destin – cruel au demeurant – n’aura pas laissé ce dernier admirer sa création sortir de terre. Tschumi décède le 25 janvier 1962, à l’âge de 58 ans, soit 4 ans avant l’inauguration du bâtiment. Son fils, Bernard Tschumi – architecte également culte, chef de file du style déconstructiviste à qui l’on doit notamment le Zoo de Vincennes à Paris ou la Tour Bleue à New York – continue de faire raisonner son nom à travers le monde.


Préserver notre patrimoine architectural

Le siège principal accueille aujourd’hui environ 1’000 personnes, soit environ la moitié des effectifs de l’OMS. En tant qu’œuvre architecturale d’importance patrimoniale, la construction sera scrupuleusement préservée, tout en répondant aux exigences actuelles via d’importants travaux de rénovation. La qualité de la façade sera améliorée, tout comme les installations techniques et les espaces de travail. Le bâtiment sera également raccordé à une pompe à chaleur qui permettra une utilisation des énergies renouvelables. La fin des travaux est prévue pour 2025.


L'OMS de demain

En 2013, l’OMS a sollicité un financement pour la création d’un nouveau siège – à la place des bâtiments annexes provisoires – capable de répondre aux besoins croissants de l’organisation. Au total, 76.4 millions ont été versés par la Confédération, 29.6 millions par le canton de Genève et 20 millions par la FIPOI. C’est le projet du bureau d’architecture zurichois (qui compte d’ailleurs plusieurs awards à son actif) Berrel-Berrel-Kräutler (BBK) qui, en mars 2015, a été désigné lauréat.
Fondé en 2003 par Maurice Berrel and Raphael Kräutler, c’est en 2009 que le bureau se regroupe à Bâle avec Jürg Berrel. Puisant son inspiration et sa fraîcheur caractéristique dans l’aspect multigénérationnel de son équipe, BBK est à l’origine de nombreux projets complexes, des bâtiments d’envergure et d’importance urbaine considérable. Parmi les créations les plus réputées du bureau on pourrait notamment citer le St. Jakobshalle (Bale), Vouvry School (Valais), ou encore le Pavillon Ernst Koller (Bale), parmi tant d’autres.
Le nouveau projet architectural s’articule ainsi : une tour de bureaux de neuf étages, baignée de lumière, construite autour d’un atrium. Implenia est l’entreprise générale en charge de la construction. Lancée en 2017 elle devrait être, à présent, en cours de construction et devrait être achevé courant 2020.


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