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Nos artistes genevois, Vol.2 : John M Armleder

John M Armleder est l’un des plus importants artistes contemporains suisses. Iconique, inclassable, changeant et multiple, il a toujours su se jouer des époques, des conventions, de l’ordre établi, des styles et des modes pour finalement devenir un incontournable de l’art mondial. Immersion dans la vie (presque) normale d’un artiste extraordinairement influent dont l’un des premiers admirateurs a été Andy Warhol. Portrait pêle-mêle et post-moderne d’un véritable genevois.

Naissance d’un « observateur contemplatif »

Né le 24 juin 1948 à Genève, d’une mère américaine et d’un père allemand, John M Armleder est un artiste majeur et influent (terme qu’il remet souvent en question, préférant celui de « dommage collatéral » entre la création et la personne qui en fait l’expérience) dont l’œuvre n’est pas identifiable à un médium, une procédure, un style ou un univers esthétique, quel qu’il soit.
Celui qui aime se définir ironiquement comme un « hyperactif désœuvré » doublé d’un « observateur contemplatif » construit sans relâche un système d’équivalence entre tous les artefacts culturels de son époque. Armleder se joue des codes, les embrasse et les décompose. C’est un artiste du signifiant et du langage, un briseur de temporalité, un inclassable. Il reste pourtant un homme simple qui apprécie son quartier de la Servette, en Ville de Genève, où il vit depuis toujours.


Des chocs artistiques à la création de son propre paradigme

Si son nom ne vous est pas immédiatement familier, c’est voulu. Depuis toujours l’artiste genevois passe volontairement sous le radar, fuit aussi bien la notion « d’auteur » (et la singularité qui va avec), que les catégories artistiques, les paillettes de la célébrité et des contraintes que cela requière. Issu d’une famille bourgeoise, qui finit par tout perdre, Armleder est objecteur de conscience à l’âge du service militaire, ce qui lui vaut sept mois de prison ; comprendre qui l’on est pour savoir où l’on va.
Son premier « choc » artistique survient à la fin des années 50, lors d’un voyage à New York avec la découverte de Kasimir Malevitch et son œuvre, artiste pionnier de l’abstractionnisme, originaire de l’ancienne URSS. Au début des années 60, John M Armleder rencontre le compositeur, poète et plasticien américain John Cage, artiste fondateur de la musique expérimentale américaine. Les mouvements avant-gardistes le fascinent, l’inspirent et l’invitent, d’une certaine façon, à créer ses propres paradigmes artistiques; naissance semi-consciente d’une volonté.


Collectif Écart, période Fluxus : dilettantisme actif

C’est à la fin des années 60 avec son groupe « Écart » – issu du mouvement d’influence néo-dadaïste « Fluxus », regroupant des artistes venus de tous horizons : chimie, économie, musique – qu’il entame une carrière initialement performative, traversant par la suite les époques et les différents courants : le Néo Géo, l’abstraction, le Pop Art, l’Op Art. De sa période « Fluxus », Armleder gardera la notion ludique et libertaire d’abolition de toute distance séparant la vie commune de l’art. Non, il n’y a pas besoin d’être un artiste pour faire de l’art. Vive le dilettantisme.


Perturbation et pseudo radicalité

Autre point essentiel, il conserva cet amour pour la « perturbation » du lieu d’exposition et des attendus culturels du spectateur, se jouant d’une façon unique des formes géométriques, des objets empruntés au gré de ses rencontres et inspirations. Ainsi, un recouvrement d’une paroi à la dispersion blanche, l’application d’un vernis transparent sur le mur d’une cave ou encore l’utilisation d’un mur « sale » sont détournés. Les « défauts du quotidien » se transforment en prolongation de ses peintures, sans jamais être, pour autant, autre chose que ce qu’elles sont réellement. Une pseudo radicalité. La vie, la vraie. Presque.


Éditeur, curateur et artiste multiple, dès la fin des années 60

Au milieu des années 70, et toujours avec le collectif Écart, Armleder établit une galerie, puis également une libraire, toutes deux attenantes à l’Hôtel Richemond où il vivait avec sa famille à l’époque. Ce lieu alternatif et d’échange entre l’art européen et américain est considéré, durant cette période, comme l’un des plus importants du vieux continent. Il y accueille notamment Andy Warhol avec qui il gardera d’excellents rapports, ainsi qu’une estime réciproque. Son activité éditoriale et curatoriale est alors à son pic. Armleder est une importante figure de l’art mondiale aussi par sa multiplicité : il informe, crée, expose, forme et imprime depuis la fin des années 60.


Une réussite tout helvétique

Les grandes crises et leurs influences sur notre manière de consommer ont eu sur l’œuvre d’Armleder un impact considérable ; l’attaque de notre système de réussite et de nos certitudes se place au cœur de son processus artistique. Indifférent au succès, il est pourtant l’un des rares d’artistes contemporains suisses à pouvoir vivre (chichement même) de son travail. Ces dernières années, la cote sur le marché boursier de ses peintures (jamais basse, au demeurant) est remontée en flèche.
À l’instar d’artistes suisses à succès tels que Urs Fischer, Franz Gertsch, Peter Fischli et David Weiss, Thomas Hirschhorn ou encore Pipilotti Rist, le genevois est au top. Est-il raisonnablement utile de citer tous les lieux prestigieux ayant accueilli les œuvres d’Armleder ? Partout, plus ou moins. De New York à Milan, Zurich ou Bolzano, de Paris à Naples, etc. Récemment encore, on retrouve une de ses œuvres en plein cœur de Genève, ici.


Toutes les formes d’art possèdent la même importance

Armleder est fasciné par l’art et son histoire, la philosophie, la pop culture, le cinéma de série B ou encore les festivals de feux d’artifice. Toutes ces « disciplines » figurent au panthéon de ses inspirations. Cependant, aucune création artistique n’a, à ses yeux, plus de valeurs qu’une autre. Toutes sont égales en sens et en importance. Le monde est pour lui un réservoir infini de possibilités à recomposer, associer et détourner. Il n’y a pas d’art majeur, n’y pas d’art mineur, encore moins d’artistes.
Cela donne lieu à un travail pour le moins polymorphe et hétérogène, fait d’installations monumentales, des pièces lumineuses, d’happenings, mais également d’un travail d’édition (comme nous l’avons évoqué plus haut), et bien entendu du wall-painting. L’art pictural abstrait est finalement le plus représenté dans son parcours.


Transmettre et échanger avec la nouvelle génération

Itinérant par nature – Armleder n’a jamais possédé son propre atelier -, il crée sur place, voyage beaucoup et enseigne aussi bien à l’ECAL qu’à Braunschweig ou à Paris. Ce rapport à la jeunesse, il le possède depuis toujours. Agissant en « chef de tribu », pour certains, ou en « mentor », pour d’autres, l’artiste collabore quasi exclusivement avec des newcomers, gardant ainsi un rôle de leader indiscutable sur la nouvelle génération. Le secret de l’immortalité résiderait-il dans la transmission ?


« Fourniture Sculptures », histoire d’un hit

Les « Fourniture Sculptures » sont les œuvres qui le font connaitre au grand public, à l’aube des années 80. Composées d’une peinture abstraite associée à un élément de mobilier, ses installations sont alors classées par les experts dans les courants Neo-Geo et appropriationistes. Comme à son habitude, il est à contre-courant, et ça fonctionne. Armleder se distingue également par ses peintures à pois, qui nous renvoient aussi bien à l’expressionnisme abstrait d’un Francis Picabia qu’à la « simple » culture populaire, à laquelle il rend très souvent hommage.
À partir de cette époque l’artiste suisse vole de ses propres ailes (le collectif Écart arrivant à sa fin), expose dans les plus importantes galeries et manifestations mondiales telles que la Biennale de Sydney, et par la suite, celles de Lyon, Valence, etc. Sa réputation nationale acquise au début des années 70 devient internationale à partir des années 80 et monte en crescendo jusqu’à aujourd’hui.


MAMCO & Armleder : une histoire d’amour moderne

À partir des années 90, John M Armleder devient curateur d’expositions pour le Musée d’art moderne et contemporain de Genève (MAMCO) avec lequel il tisse des liens forts qui perdurent encore aujourd’hui. Son implication académique se poursuit, c’est à cette même période qu’il devient membre de la Commission fédérale des beaux-arts. Ses expositions reflètent alors pleinement sa vision de l’art : une accumulation d’éléments hétérogènes allant des objets achetés en grande surface à des échafaudages de peintures, en passant par des diffusions de film de série B.


Villa Magica et consécration polymorphe

Le début des années 2000 voit le lancement du label consacré aux musiques de Noël « Villa Magica » qu’il fonde avec son fils Stéphane Armleder (le talent saute souvent une génération dit-on, et bien voici une belle exception à la règle) et sa compagne Sylvie Fleury, artiste genevoise émérite à laquelle nous aurons le plaisir de consacrer un article complet, très prochainement. En 2006, l’exposition rétrospective du MAMCO nommée « Amor vacui, horror vacui, 2006–07 » représente l’apogée du style libertaire/kitch et foncièrement polymorphe de l’artiste genevois.
La décennie se termine sur une hospitalisation de 13 mois pour John M Armleder, période durant laquelle l’artiste se voit contraint de stopper net sa production artistique. Sa vie aurait pu se terminer là, mais miraculeusement, l’artiste guérit et se remet naturellement au travail, fort de cette nouvelle expérience existentielle et de cette nouvelle chance.


Signifiant & signifié

Cependant, John M Armleder pense toujours que, quoi qu’il arrive, la signification profonde d’une œuvre n’existe qu’à travers les yeux des personnes qui en font l’expérience. Le rôle de l’artiste est alors de poser les questions, d’investiguer, de composer et de décomposer. De se tromper surtout, pour mieux recommencer, encore et encore. Le bonheur est dans l’erreur, la réponse est multiple.
Les galeries, les musées, les expositions, les biennales ne sont rien d’autre que des plateformes d’échanges et de rencontres. Son rêve d’enfance ? Aller dans un musée un jour, regarder l’une de ses œuvres et ne pas la reconnaitre. Ce qui compte est le résultat du travail et non l’histoire qu’on en raconte.


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