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Cinéma Plaza : Le phénix qui renaît de ses cendres

Joyau de l’architecture moderne d’après-guerre, le cinéma Plaza aura, en un peu plus d’un demi-siècle d’activité, fait rêver les Genevois-es, avec plus d’un millier de films projetés sur sa toile. En 2004, après l’extinction (qu’on croyait définitive) de ses projecteurs, il est brutalement menacé de destruction. À la suite d’imbroglios politico-judiciaires, la salle emblématique est finalement sauvée en 2019, grâce au rachat de l’ensemble du complexe Mont-Blanc Centre par la Fondation Hans Wilsdorf. Dans la foulée, le Plaza est classé monument historique, tandis qu’une série de rénovations et d’événements y prennent place, avant la réouverture officielle prévue en 2024. Retour sur la saga de ce phénix du 7e art, voué à devenir un nouveau centre culturel genevois consacré à l’architecture et au cinéma.

Le premier complexe multifonctionnel de Suisse

La réalisation du Plaza est confiée, en 1952, à l’architecte genevois Marc-Joseph Saugey (1908-1971), qui intègre la salle dans la cour intérieure d’un complexe constitué de trois immeubles, le Mont-Blanc Centre, à l’angle de la rue de Chantepoulet et de la rue du Cendrier. Dans cette période bénie de l’après-guerre, les cinémas fleurissent dans les centres-villes. Avec ses 1250 sièges (⅔ au parterre et ⅓ sur la galerie), le Plaza est alors la plus grande salle de Genève. À l’époque, il cumule les superlatifs et les prouesses techniques, avec son écran ultra-large en cinémascope, ses poutraisons en aluminium – les seules de ce type en Suisse – et son balcon semblant flotter dans l’espace. Il faut dire que Saugey est un passionné de cinéma et de nouvelles technologies, doublé d’un admirateur de « l’American way of life ». Il conçoit ses salles dans un esprit de synergie, et les intègre dans des complexes multifonctionnels, mêlant commerces, restaurants et bureaux, comme à New York. En ce sens, Mont-Blanc Centre est une première pour la Suisse et une icône de son époque.


Une invitation au voyage et au rêve

En 52 ans d’activités, le Plaza aura vu défiler les noms de stars sur son enseigne lumineuse. Il faut souligner que la salle était principalement dédiée aux grosses productions hollywoodiennes, tandis que son voisin, le Rialto de Cornavin, était plutôt axé sur les productions françaises. L’un des projectionnistes de la salle pendant plus de 30 ans a laissé derrière lui de précieux carnets qui permettent de reconstituer l’histoire du Plaza, au travers de nombreuses anecdotes. Imaginez un peu : à partir de 1965, le film Le Docteur Jivago, programmé à l’affiche pendant plus de trois mois, réunit plus de 120’000 spectateurs cumulés ! Véritable cathédrale du cinéma, le Plaza n’est pas la seule réalisation de Saugey, puisque ce dernier est mandaté en 1957 pour la construction du cinéma Le Paris / Manhattan à l’avenue du Mail. Aujourd’hui rebaptisée Auditorium Arditi, cette salle – tout aussi exceptionnelle que le Plaza – a échappé à un sort funeste dans les années 1990, grâce au concours d’associations de défenseurs et de fondations, dont là encore Hans Wilsdorf.

 


Image Privalia partenaire

© Michel Giesbrecht et © Raphaëlle Mueller

Des fermetures en cascade

Dans les années 2000, c’est n’est plus un secret pour personne : les salles du centre-ville sont en crise. La cause est à chercher du côté des changements de consommation (la concurrence du streaming) et la construction de nouveaux multiplex en périphérie (augmentation de l’offre pour une demande identique). Dans le cas du Plaza, il faut dire également que la synergie voulue par Saugey entre le cinéma et les autres espaces publics du Mont-Blanc Centre s’était petit à petit effritée. La logique du marché et de la rentabilité est trop forte, même pour les défenseurs du septième art. La société Europlex abandonne alors définitivement l’exploitation de la salle de Chantepoulet le 31 janvier 2004. Situé à deux pas, le Broadway baisse le rideau en 2010, suivi par le Rialto en 2016. L’esprit des Trente Glorieuses, où tout semblait possible, est révolu. La place est à la remise en question pour les centres urbains. Rénover, ou détruire, et à quel prix ?


Un chef-d’œuvre en péril

C’est également en 2004 que l’État de Genève décide de classer le complexe Mont-Blanc Centre, comme étant exemplaire de l’architecture des années 50. Commence alors une saga politico-juridique de près de 15 ans, qui voit premièrement le gouvernement faire volte-face et exclure le Plaza de ce classement en 2011. Le chef-d’œuvre de Saugey, déjà à l’agonie, est soudainement menacé de démolition. À situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle : les citoyens, réunis par leur amour du septième art et du patrimoine bâti, se mobilisent alors en masse. L’enjeu est autant culturel que sociétal. C’est le 7 août 2019 que la nouvelle tombe, avec l’annonce du rachat de l’ensemble du bâtiment (le complexe et le cinéma) par la Fondation Hans Wilsdorf. Le projet qui sous-tend ce rachat est ambitieux et entend rénover l’ensemble des espaces de Mont-Blanc Centre afin d’en faire un nouveau hub du cinéma à Genève. Finalement, le 18 décembre, le Conseil d’État procède à nouveau au classement du cinéma en tant que 279e objet d’exception du patrimoine bâti genevois. Ainsi donc, la saga se clôt par un happy ending, preuve que l’attachement des Genevois-es pour le Plaza était plus fort que des intérêts de rentabilité.


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© Michel Giesbrecht et © Raphaëlle Mueller

“La Nuit américaine”

En 2020, Wilsdorf annonce la création de la Fondation Plaza, à but non lucratif et chargée d’imaginer et de mener à bien les opérations de rénovation du joyau de Saugey. À sa tête, elle y nomme un Français bien connu des Genevois : Jean-Pierre Greff. Le directeur de la HEAD ne cache pas ses ambitions quant au futur du bâtiment. Il veut en faire un nouveau centre culturel consacré à l’architecture et au cinéma. Mais pas question de concurrencer les cinémas traditionnels avec une programmation classique. L’idée, c’est plutôt de faire de l’événementiel (rétrospectives, soirées thématiques), de développer des collaborations, en plus d’accueillir en son sein des festivals bien connus comme le GIFF et le FIFFDH, ainsi qu’une nouvelle librairie. Pour faire revivre cette architecture d’exception, il faut d’abord transformer l’œuvre de Saugey, afin de pouvoir offrir un outil contemporain et adapté pour les citoyens. Pour ce faire, la Fondation a lancé un concours sur appel auprès d’une douzaine d’architectes, presque tous genevois. Lauréat désigné par le jury, le bureau FdMP de Genève devra respecter la vocation d’origine du bâtiment, tout en le mettant à jour et en le pérennisant. Avec son projet intitulé “La Nuit américaine”, le bureau fondé en 2014 Oscar Frisk, François de Marignac et Christophe Pidoux s’est distingué par son approche du contexte, si particulier. Place aux travaux donc, avant la réouverture en 2024. En attendant, il s’agit de réactiver habilement ce lieu, qui occupe une place si spéciale dans la mémoire affective des Genevois, avec des événements et une programmation artistique. Faire dialoguer l’architecture et le cinéma, dans un nouvel écosystème du vivre ensemble, au cœur de la cité, voilà la nouvelle mission – pas impossible – du Plaza.


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© Michel Giesbrecht et © Raphaëlle Mueller

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