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Art & Design

La HEAD – Genève, Haute école d’art et de design : à la tête de la jeune création d’aujourd’hui

Jeune institution née en 2006 de la fusion de l’École des beaux-arts et des arts appliqués, la HEAD fait partie des meilleures académies d’enseignement supérieur consacré à l’art et au design en Europe. Pour peu que vous vous intéressiez à l’art contemporain, à la mode ou au septième art, cet acronyme à quatre lettres, qu’on pourrait prendre pour un anglicisme, ne vous aura certainement pas échappé. La HEAD se positionne aujourd’hui comme un lieu à la pointe de la création artistique contemporaine, tant par les alumni issus de ses nombreuses filières qui rayonnent à l’international que par les projets et partenariats ambitieux qu’elle mène. Coup de projecteur sur cet “incubateur de talents” genevois fraîchement installé dans ses nouveaux quartiers de la L’Avenue de Châtelaine.

Deux écoles bicentenaires et un terreau culturel fertile

Officiellement créés en 1748 en tant qu’École de Dessin, les beaux-arts de Genève ont successivement occupé différents bâtiments de la ville : l’école du Grütli, le Palais Eynard, le Musée Rath, ou encore le Bâtiment du Boulevard Helvétique 25, inauguré en 1903, pour y accueillir les élèves de l’époque. Dans la foulée de mai 68, une réforme saluée par les étudiants et initiée par le directeur de l’époque Michel Rappo voit apparaître un système de formation à option et l’instauration de jurys publics. En 1977, elle prend finalement le nom d’ESAV – École supérieure des arts visuels – alors que sa fréquentation est en pleine croissance. Dans une période où l’image en mouvement (filmée et télévisuelle) est en effervescence, un atelier cinéma vidéo (aujourd’hui Bachelor et Master en cinéma) est mis en place la même année. Godard ou Tanner y interviennent. Des étudiants tels que John M Armleder dans les années 60 puis Christian Marclay dans les années 70 fréquentent alors les bancs d’une institution qui entame sa mue et commence à se positionner au niveau international.


Resserrer les liens entre l’art et le design

Successivement appelés arts “industriels” puis “décoratifs”, les arts dits “appliqués” (dessin, céramique, bijouterie) étaient durant longtemps enseignés dans un cursus et une école traditionnellement séparée des beaux-arts. Peu après la nomination d’un nouveau directeur – l’historien de l’art français Jean-Pierre Greffles deux structures sont réunies en une seule entité en 2006 et deviennent l’actuelle HEAD. Dix ans après, en 2016, les choses bougent pour de bon puisque l’école annonce fièrement son déménagement vers un nouveau campus aux Charmilles, un quartier en plein essor urbanistique.


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40 nationalités sur un campus de 16’000 mètres carrés

Cas unique en Europe, les différentes filières de la HEAD étaient alors réparties entre différents bâtiments éloignés géographiquement. La situation s’améliore grâce à un cadeau de la Fondation Hans Wilsdorf et des équipements enfin à la hauteur de ses ambitions, le tout dans un écrin du patrimoine industriel et architectural genevois aux volumes généreux (les bâtiments Hippomène et Elna) : 16’000 mètres carrés qui sonnent comme un véritable encouragement à la création artistique pour Genève. L’école est récompensée, elle qui a su être ambitieuse et attirer à elle 700 étudiants issus de plus de 40 nationalités.


Former des générations d’artistes et de designers internationaux

Du côté de la rue de Châtelaine, le programme de l’école est clair. Il ambitionne de faire enfin briller Genève dans la constellation des industries créatives – art et design confondus – d’aujourd’hui. Le temps où l’ECAL de Lausanne dominait la scène locale semble révolu. Partant du principe qu’il faut au minimum 4 années pour former un artiste, les cursus permettent de suivre un Bachelor et/ou un master dans les champs des arts visuels, du film, de la bande dessinée ou du design en respectant un équilibre entre théorie et pratique. Plus que la compétition, ce sont les collaborations avec la scène culturelle genevoise, suisse (un master cinéma en collaboration avec l’ECAL et la ZHDK par exemple) et internationale qui sont mises en avant pour “booster” la créativité de ces artistes et designers de demain.


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Recherche et développement : innover pour mieux régner

L’école est désormais un laboratoire et une entreprise. Elle forme, donne des conférences (Talking Heads) et master class, édite des publications, curate des expositions, intervient dans l’espace public, réalise des signalétiques (pour l’OMC), organise des défilés de mode, récompense et finance des projets au moyen de bourses et prix d’excellence. L’accent est mis sur l’innovation pour développer encore l’attractivité et positionner à l’avant-garde de la création des filières comme le media design (jeux, objets interactifs), le design d’intérieur (mobilier), le design de bijoux, le design industriel, le film et le cinéma / cinéma du réel. Les traditions régionales comme la bande dessinée, l’illustration (de Töpffer à Zep) et le design d’objets ornementaux associés au corps de la personne (bijoux, accessoires, haute-horlogerie) sont assumées et perpétuées. Des mandats, réalisés pour les collectivités et pour le secteur privé, garantissent à la HEAD un autofinancement de ses projets tout en conférant une implication et de la légitimité aux étudiants sur le marché de l’industrie créative. Les nombreuses passerelles entre les différents enseignements montrent également la volonté d’interdisciplinarité de l’école, dans la tradition humaniste de Genève.


Étoiles de la mode

Les retombées se font vite sentir. Outre l’afflux de nouveaux sponsors désireux de soutenir la jeune création contemporaine, des récompenses internationales consacrent l’école comme au Festival international de Mode de Hyères (FR) de 2017, qui voit deux diplômées de la HEAD – les romandes Vanessa Schindler et Marina Chedel – primées la même année. La première pour sa collection de vêtements pour femme, la seconde pour sa collection de chaussures. Elles se félicitent que l’école leur ait laissé la liberté nécessaire pour accomplir leurs projets artistiques. Même son de cloche du côté de Giulia-Amélie Chéhab qui remportait l’an passé le Prix La Redoute pour sa collection de sacs présentés lors du défilé annuel organisé par l’école. Après un passage chez Acne Studio à Paris, la jeune femme aura l’opportunité de développer quatre de ses réalisations pour le grand public. Les jeunes talents issus de la HEAD n’en ont pas fini de briller.


Pascal Viscardi


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