Jussy, Genève
CHF 4'950'000.-
530 m2
Maison villageoise - 11 pièces - 5 chambres
Emblème d’une ville internationale tournée vers l’avenir, le Jet d’Eau de Genève est un chef-d’œuvre d’ingénierie sachant allier puissance et esthétisme, au service des nombreux visiteurs qui viennent quotidiennement l’admirer. Mais quelles sont les origines de cette prouesse technique au look indémodable ? Rencontre avec un vieil ami, au cœur de la Rade, sans qui Genève ne serait certainement pas ce qu’elle est !
Héritage de l’époque industrielle, référence de la pop culture mondiale, le Jet d’Eau est surtout le symbole de Genève. Et s’il a longtemps représenté le record mondial de hauteur – dépassé, depuis le début des années 2000 par le « World Cup Fountain » de Séoul (Corée du Sud), puis par le « Jet d’eau du roi Fahd » à Djeddah (Arabie Saoudite), ce dernier étant, à ce jour, le plus haut jet d’eau du monde avec ses 312 mètres de haut – notre symbole n’a jamais eu comme vocation la compétition. Bien que performant, son but est bien différent.
Le Jet d’Eau de Genève illustre, à sa manière, la vision d’une ville accueillante et créative, respectueuse de l’environnement, du patrimoine et des traditions. Véritable miroir des actualités locales et internationales, cette sculpture aquatique s’illumine de mille feux en faveur des actions humanitaires ou durant les périodes festives. Qu’on l’admire depuis le Bain des Pâquis, la jetée des Eaux-Vives, le pont du Mont-Blanc, la cathédrale Saint-Pierre ou le Quai Gustave Ador, sa silhouette fascine genevois et touristes depuis près de 130 ans.
Les origines du Jet d’Eau remontent à 1890, époque durant laquelle l’énergie hydraulique possédait une importance capitale dans le développement industriel et économique de Genève. La ville compte alors plus de 100’000 habitants, chiffre qui en 40 ans a quasiment doublé. L’usine hydraulique de la Coulouvrenière, mise en service 4 ans auparavant, produit alors l’essentiel du besoin énergétique de la ville.
En utilisant la puissance motrice du Rhône, une pompe permet de faire tourner les machines. Seulement voilà, la nuit tombée, lorsque les artisans ont fini de travailler, de violentes surpressions se manifestent, poussant ainsi à la création d’une vanne de sécurité. L’immense pression est alors libérée (canalisée) sous la forme d’une importante propulsion d’eau verticale. On doit cette solution fonctionnelle à l’ingénieur genevois Théodore Turrettini. L’histoire est en route, au bout du Bâtiment des Forces Motrices.
Certes, cette propulsion ne mesure alors « que » 30 mètres, mais les bases de ce qui deviendra le Jet d’Eau de Genève sont jetées. Le hasard fait bien les choses. Et bien qu’il ne soit alors visible que de nuit, ce curieux jet – esthétiquement bluffant, au demeurant – commence déjà à faire parler de lui. Il faudra par contre attendre un an pour que son véritable potentiel touristique soit compris, et enfin proposé au public, par le conseil administratif de la Ville de Genève.
Encore irrégulier dans sa propulsion, le Jet d’Eau interpelle et fascine néanmoins déjà les promeneurs ; ce qui incite rapidement la Ville de Genève à transformer cet heureux hasard en une originale attraction touristique. Il est alors essentiel d’en construire un nouveau et de le situer au cœur d’un décor adapté – mais surtout, là où tout le monde se promène – afin qu’il puisse être vu de tous. L’adresse est toute trouvée, et demeurera inchangée depuis ; ce sera la jetée des Eaux-Vives.
Le Jet d’Eau de Genève est officiellement inauguré en 1891, lors de la Fête fédérale de la gymnastique. Bien plus haut que son grand frère de la Coulouvrenière, il mesure alors 90 mètres. Son aspect n’est cependant pas celui que l’on connait aujourd’hui : il est composé de cinq jets disposés en éventail, alimenté par la source d’eau potable, actionné uniquement durant le weekend et les jours fériés.
Il faut attendre 1950 pour que, fort de son grand succès populaire, il soit sporadiquement actionné durant la semaine. C’est également à cette période qu’il revêt sa forme réputée dans le monde entier : un unique jet vertical.
Grâce à une importante modernisation, les 140 mètres d’hauteur sont atteints. En 1951, le Jet d’Eau vit une nouvelle inauguration. Terminée l’utilisation de l’eau potable, c’est l’eau du lac Léman (filtrée) qui alimente à présent l’attraction. Aujourd’hui, il est d’ailleurs possible de découvrir la salle des pompes grâce aux visites guidées organisées par les SIG, propriétaire de ce qui est devenu, au fil des ans, un véritable monument de la culture non seulement genevoise, mais également mondiale.
Logique vous direz-nous, le Jet d’Eau ne fonctionne pas automatiquement, il faut l’actionner manuellement. Pour ce faire, cinq retraités volontaires des SIG assurent le bon fonctionnement (dont la fameuse mise en route du matin) et l’arrêt du Jet d’Eau. En cas de vent trop fort, ou ne soufflant pas dans la bonne direction, lorsque la température descend en dessous de zéro degré, il est alors interdit de l’actionner.
Avec ses 140 mètres de hauteur, le Jet d’Eau possède 50 mètres de plus que la Statue de la Liberté (New York, USA). Cinq-cents litres par secondes (250 litres par pompes) sont utilisés et projetés à 200 km/h grâce à une station de pompage autonome immergée lui offrant notamment la possibilité de fonctionner toute l’année.
Sept tonnes d’eau sont propulsées à 140 mètres d’altitude (7 secondes pour passer du Lac au sommet du jet), grâce aux deux pompes (respectivement nommées « Jura » et « Salève ») fabriquées par l’entreprise suisse Sulzer. L’installation possède également des tuyères spéciales (16 cm de diamètre), créées afin de générer des millions de bulles d’air, ce qui donne cet aspect « panaché » caractéristique (soit, une vaporisation à la forme d’un « halo neigeux ») au sommet du jet. Chaque année, cette fabuleuse attraction coûte environ CHF 800’000.- d’entretien. Bien peu de chose pour un tel résultat.
Parfois illuminé spécialement en fonction des événements qui rythment la vie locale et l’actualité mondiale, le Jet d’Eau participe lui aussi aux festivités. Sa première illumination date de, 1891, année de son inauguration, à l’occasion des 600 ans de la Confédération.
Aujourd’hui, des shows visuels spectaculaires sont rendus possibles grâce aux 13 projecteurs équipés de LED contenus dans la cabine d’éclairage, pour une puissance totale de 9’000 watts. Ces derniers possèdent au total 65’000 couleurs, interchangeables en quelques secondes.
Dernièrement encore, à l’occasion de l’anniversaire de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, il s’est paré d’une splendide couleur rouge tandis que pour le Marathon de Genève, le Jet d’Eau de Genève était bleu.
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