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Art & Design

Nos artistes genevois, Vol. V : Sylvie Fleury

Artiste pluridisciplinaire et autodidacte, « metteuse en scène » sincère de notre société de consommation, Sylvie Fleury est une référence de l’art contemporain. Avec son style « Pop » aussi littéral que flamboyant, la genevoise débute sa carrière au début des années 90 et vit une ascension progressive qui la porte à s’imposer, aujourd’hui, sur la scène mondiale. Entre le kitsch assumé de ses débuts, jusqu’aux mondes étranges et parallèles développés par la suite, Fleury manipule les matières et les médiums, brouille les codes sociétaux avec classe et aisance. Dézoom sur une carrière unique.

L’itinéraire d’une « fashion girl », en deux mots

Lauréate du grand prix suisse d’art Meret Oppenheim 2018, figure de proue du MAMCO où sa fameuse « Grotte » invite, encore et toujours, à l’exploration, Sylvie Fleury est également lauréate du concours fédéral des Beaux-Arts, à trois reprises (de 1992 à 1994). Dès le début des 90’s, la genevoise expose partout dans le monde, et se voit, entre autres, attribuer l’honneur de designer le poster de la 49e édition du Montreux Jazz Festival. Tout cela, en pure autodidacte. Hors des circuits battus.
Image de l’art contemporain suisse (mais genevois avant tout, soyons chauvins !) à travers le globe, Sylvie la « fashion girl » s’approprie les symboles sociétaux et autres fétiches du consumérisme pour alimenter son art, offrant ainsi une source d’interrogation au spectateur sur son mode de vie; marques de luxe (et tout l’ensemble du vestiaire féminin), paillettes, jouets pour chiens, punchlines marqueteuses, mécanique nord-américaine, cosmétiques, sachet de Slim Fast ; à l’image d’une Andy Warhol du 21e siècle, Fleury exploite les désirs et les dérives consuméristes, sans avoir peur d’en devenir une elle-même. Ainsi, la genevoise crée des ponts entre l’Homme, la consommation et l’art.


Retour vers le futur : New York, Genève et Lausanne

Née à Genève, en 1961, Sylvie Fleury a environ 20 ans lorsqu’elle part à New York afin d’apprendre l’anglais. C’est le début des années 80, elle restera environ deux ans dans la Big Apple avant de revenir sur ses terres d’origine. C’est durant son séjour qu’elle rencontre un groupe d’étudiants en cinéma. Grâce à ses nouveaux amis, la genevoise découvre le monde de l’art, dans sa multitude : concerts, expos, films, street art et autres performances vont marquer à jamais une jeune fille qui, au départ, ne semblait pas destinée à faire carrière dans ce vaste domaine. Et pourtant.
La suite se déroule à Genève où Sylvie désormais « piquée » par la fibre artistique ouvre, avec des amis, une galerie aux Pâquis principalement dédiée au graffiti, pratique artistique alors très en vogue à NYC et totalement méconnue en Romandie. Ses premières installations naissent de cette période-là. Elle constate alors qu’il existe, en tout temps, la possibilité réelle de créer un lifestyle unique dans un endroit donné, de recontextualiser, de s’approprier les codes établis pour mieux les réinventer. Ses méthodes ? Peinture, sculpture, performance, vidéo, scénographie, photographie. Whatever works…


« Shopping Bags » : reflet emblématique d’une société iconophile

Sa première véritable installation – nommée « Shopping Bags » – est exposée à la Galerie Rivolta (Lausanne), en 1990. Ici, au milieu d’expositions d’artistes déjà connus et reconnus tels qu’Olivier Mosset et John M. Armleder (pour qui Fleury a travaillé comme assistante, à ses débuts) sont entassés des sacs en papier de grandes marques. Bilan de sa journée shopping – quelque part entre détournements du marketing agressif early 90’s, et « simple » display de passions personnelles -, Fleury présente un instantané emblématique de ce qui deviendra sa marque de fabrique.
Son style est empreint de fraicheur, d’audace faussement naïve et de cette touche de provocation littérale qui pourtant, aux dires de son auteur, n’est rien d’autre que de la résultante d’une expression artistique fondamentalement libre. L’art de Sylvie Fleury est donc un showcase « vertical » de tout ce que la culture et la société capitaliste a su faire, de pire comme de meilleur. C’est justement cette forme décomplexée qui permet à ses installations de raconter, avec une précision désarmante et empreinte d’une certaine dose de chamanisme, l’époque dans laquelle nous vivons.
En somme, « Yes to All », comme dirait l’une de ses plus fameuses installations – inscrite dans le cadre du projet artistique « Neon Parallax » dont nous reparlerons très prochainement-, nichée sur un immeuble de la plaine de Plainpalais.


« La Grotte, Be Bad, Be Good, Just Be » : origine d’une œuvre genevoise majeure

En 2007, soit un an avant la création de cette œuvre aujourd’hui présente au 2e étage du MAMCO, Fleury – alors lasse des de traiter des thèmes consuméristes et pop qui lui ont valu tant de succès – part à la rencontre de Chamanes, en Sibérie. Dans cette vaste région au climat hostile, la plasticienne veut se retrouver, craignant d’être tombée dans le piège de son propre jeu : personnifier le produit qu’elle a si souvent caricaturé. Dans un monde comme celui de l’art contemporain, où les enjeux financiers font souvent plus parler d’eux que les œuvres elles-mêmes, la question est légitime. Elle passe alors la nuit dans une grotte et y voit des choses aussi bizarres que fascinantes. Eurêka.


Quête initiatique, aux confins de son propre succès

L’artiste racontera par la suite que cette quête initiatique l’a non seulement réconciliée avec son travail, mais lui a aussi permis de retrouver une certaine liberté, ainsi qu’une sincérité nouvelle dans son œuvre ; souvent définie comme « provoque », donc mal comprise. Car si les pièces de la genevoise sont effectivement le reflet pêle-mêle d’une société consumériste capable de créer ses propres idoles du néant, elles sont avant tout un miroir honnête des sentiments bruts de son auteur.
Fleury commente le monde, l’amuse et illustre ses sentiments. Aucune culpabilisation. Aucun jugement. Le spectateur doit être aussi libre que l’auteur de ressentir des émotions. La liberté c’est avant tout de ne pas être rangé dans une case, aussi noble soit-elle, comme le Pop-Art ou encore le post-modernisme. L’art doit fonctionner comme une thérapie, un mantra qui définirait sa manière même de fonctionner et d’exister : ne pas se laisser enfermer.
Convainque qu’il n’existe pas de chemin prédéfinit, ni de recette, Sylvie Fleury considère ses propres contradictions comme autant de moteurs à sa créativité. Tout est mobile, sujet au changement, rien n’est sempiternellement pareil. La joie et la satisfaction qui découlent de la recherche, du flux artistique en lui-même, doivent posséder un rôle central. Au final, le chemin est tout aussi (voir plus) important que l’objet. Le voyage qu’a vécu l’œuvre, son histoire et ses multiples transformations, et autres mutations servent également à le définir.


Pascal Viscardi


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