Jussy, Genève
CHF 4'950'000.-
530 m2
Maison villageoise - 11 pièces - 5 chambres
Souvent identifiée avec son lac et son fleuve, le Rhône, Genève est aussi un réseau composé d’une multitude de rivières et de cours d’eau qui structurent son territoire. Symbole des réussites techniques de l’homme, la maîtrise de la force motrice de l’eau a défini et continue de définir une bonne partie de l’aménagement actuel du Canton. Entre la glorification de la puissance de l’énergie hydraulique avec le Jet d’eau, créé il y a bientôt un siècle et demi, et de nouveaux projets de renaturations des rivières qui ont vu le jour ces dernières années, voyons comment les cours d’eau ont fait de Genève ce qu’elle est aujourd’hui.
Omniprésente dans le canton, l’eau dessine un réseau hydrographique qui a donné lieu à un découpage structurel du bassin genevois. Fleuves, rivières, nants, rus, canaux et ruisseaux cumulent plus de 340 kilomètres, avec en tête le Rhône et l’Arve, principal affluent de ce dernier, ainsi que le Léman qui séparent le canton de manière triangulaire, en zones qui ont chacune leurs spécificités. Au total, Genève comptabilise 219 cours d’eau dont certains partiellement invisibles, car situés sous terre ou canalisés. Outre l’Arve, qui prend sa source dans le massif du Mont-Blanc, nous pouvons citer quelques noms bien connus des Genevois : l’Allondon, la Versoix, l’Aire, l’Hermance, la Drize, la Laire, le Foron, la Seymaz, le Nant d’Avril, le Marquet-Gobé-Vengeron. Pour les curieux, l’Office cantonal de l’eau a édité des mini-guides qui détaillent les caractéristiques uniques de ces cours d’eau et les nombreux bénéfices qu’ils procurent à la population.
Les bienfaits des cours d’eau pour l’agriculture sont connus depuis l’Antiquité. Dans la Guerre des Gaules, César pointe également le côté stratégique de l’emplacement de ce qui deviendra Genève, lui qui tente d’empêcher le passage du Rhône aux Helvètes. Si certains cours d’eau sont transfrontaliers, et permettent depuis longtemps aux hommes et aux autres animaux de se déplacer, d’autres servent de protection et dessinent encore aujourd’hui des frontières naturelles. Pour se rendre de Genève à sa voisine Carouge par exemple, il faut franchir l’Arve (au total, le Canton compte onze ponts et passerelles pour la traverser). Historiquement, et au-delà de l’aspect protection, l’eau fournit aussi aux habitants de la cité de Calvin une forme d’énergie locale et renouvelable. En 1850, la force motrice du Rhône actionnait une bonne partie des machines des artisans genevois. Le Jet d’eau, à l’époque situé sur le fleuve à la hauteur de la Coulouvrenière, témoigne encore et toujours de la puissance de cet élément et de la façon dont l’homme a tenté de le réguler. Aujourd’hui, deux barrages – celui du Seujet au centre-ville (qui permet également de réguler le débit du lac et du Rhône) et celui de Verbois construit plus en aval – assurent à Genève une partie de sa production d’électricité. Les services industriels (SIG) organisent des visites sur certains de leurs sites hydroélectriques, véritable patrimoine industriel.
Verbois, ce fut aussi le déclenchement d’une prise de conscience, à la fin des années 90. À l’époque, on commence à se rendre compte que les interventions humaines ont fragilisé ici et là les écosystèmes. Rivières et fleuves sont alors souvent un danger en période de crue ou de sécheresse. Depuis une vingtaine d’années, les collectivités décident donc régulièrement de redonner de l’espace aux cours d’eau après une longue période consacrée à l’assainissement, aux endiguements et aux canalisations. Depuis 1998, ce ne sont pas moins de 200 millions qui ont été investis à Genève pour renaturer les rivières. Ces projets éliminent non seulement efficacement les menaces pour l’habitat humain, comme les inondations, mais permettent aussi de retrouver une certaine biodiversité, et de proposer un cadre de vie plus agréable et sain aux riverains.
25 ans après, Genève compte une bonne centaine de renaturations réparties sur une vingtaine de cours d’eau ainsi que le long des rives du lac (la plage des Eaux-Vives est l’un des derniers exemples en titre). Des projets comme ceux de la Seymaz, la seule rivière qui coule entièrement sur sol genevois, ou de l’Aire, entamés il y a plus de vingt ans et courant sur 5 kilomètres, sont de véritables success story, et ont contribué à changer notre rapport à la nature par leur caractère expérimental et innovant. Fort de ces expériences, le canton fait ressurgir en 2024 le lit de la Drize au cœur du paysage urbain du PAV (Praille-Acacias-Vernets). Avec les deux tronçons entièrement renaturés de l’Étoile et de Boissonas, le quartier va se doter d’une nouvelle oasis de verdure et de fraîcheur, tout en permettant, par exemple, de mieux réguler les crues de l’Arve. On l’a bien compris, la dynamique de l’eau est l’un des enjeux majeurs de ce XXIe siècle.
À Genève, rivières et fleuves sont un peu une source intarissable de plaisir pour ses habitants. Des sentiers aménagés et revitalisés permettent d’admirer la diversité de la faune et de la flore locales en toutes saisons. Si se baigner est déconseillé dans les rivières du canton, le Rhône est quant à lui la star de l’été genevois, avec ses zones de baignade très prisées réparties entre le barrage du Seujet et la pointe de la Jonction. Attention toutefois à respecter quelques consignes et rester prudent. Avec un parcours complet de 11 kilomètres, la descente du Rhône sur des objets gonflables, qui va de la Jonction jusqu’à Peney à l’embouchure du Nant d’Avril, est également un incontournable des plaisirs aquatiques estivaux. D’autres activités sportives, comme la pêche, le kayak, le rafting ou les nombreux trails qui longent les cours d’eau genevois, complètent la liste. Mention spéciale pour les Pontonniers de Genève, qui proposent des activités nautiques et sportives durant toute l’année. Côté culture, Vernier a récemment vu naître Porteous, un nouvel espace d’expression artistique situé au bord du Rhône dans une ancienne station d’épuration faite de verre et de béton.
Pascal Viscardi
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